ET SI LES PHARMACIENS ETAIENT ASSOCIES A UNE TELLE CAMPAGNE, SON EFFICACITE AUGMENTERAIT GRANDEMENT.
Cancer colorectal : nouvelle campagne pour inciter
les Français à se faire dépister
Avec seulement 34 % de participants parmi les 17 millions de Français concernés, le dépistage organisé du cancer colorectal n'atteint pas les objectifs fixés par les instances sanitaires. L'Institut national du cancer (INCa) lance une nouvelle campagne de sensibilisation d'envergure.
Le cancer colorectal est le 3ème cancer en termes de fréquence et le 2ème en termes de mortalité. C'est dire la gravité de ce cancer, qui touche pratiquement autant les femmes que les hommes (47 % contre 53 % respectivement). Des tests de dépistage existent, pour autant les Français sont encore trop peu nombreux à s'y soumettre, probablement en raison du tabou qui les entoure.
L'intérêt du dépistage
Avec près de 40 000 nouveaux cas par an, le cancer colorectal figure en 3ème position des cancers les plus fréquents, derrière le cancer de la prostate (71 500 nouveaux cas) et le cancer du sein (52 500). La grande majorité (60 à 80 %) de ces cancers se développent à partir d'un polype ou d'un adénome, dont on estime que 2,5 % deviendront cancéreux. Cette transformation d'une tumeur bénigne en une tumeur maligne dure environ dix ans. Pendant ce laps de temps, le cancer évolue à bas bruit, sans que la personne touchée ne présente de symptôme. En conséquence, les signes d'alerte (sang dans les selles, troubles du transit et douleurs abdominales d'apparition récente et inexpliquée, amaigrissement inexpliqué) surviennent généralement alors que le cancer est déjà assez avancé et qu'il nécessite des traitements lourds.
Effectif sur l'ensemble du territoire en 2009, après des expérimentations dans plusieurs départements pilotes initiées dès 2003, le dépistage organisé permet de détecter des adénomes mais aussi des cancers à un stade très précoce de leur développement, lorsque le taux de survie à 5 ans dépasse 90 %. Il repose sur un test de détection occulte de sang dans les selles puis, en cas de positivité, sur une coloscopie. Il est gratuit et doit être fait tous les deux ans. Comme pour tout dépistage organisé, son efficacité repose sur un taux de participation élevé de la population-cible (50-74 ans) : si ce taux atteint 50 %, il permet ainsi de réduire de 15 à 20 % la mortalité par cancer colorectal, rappelle l'INCa.
Un bilan en demi-teinte
Selon un bilan dressé fin 2010 par l'Institut national de veille sanitaire (InVS)1, près de 17 millions de personnes âgées de 50 à 74 ans ont été invitées à participer au dépistage organisé entre 2009 et 2010. Seul un tiers d'entre elles (34 %) l'ont fait, les femmes se montrant légèrement plus promptes à suivre les recommandations (36,5 % de participantes contre 31,4 % d'hommes).
L'InVS a observé des disparités géographiques importantes tant au niveau régional, où la Bourgogne enregistre le meilleur score de participation (52,4 %) tandis que La Réunion fait figure de lanterne rouge (23,5 %), qu'au niveau départemental (55 % de participation en Côte-d'Or et en Saône-et-Loire, contre 16,4 % en Haute-Garonne).
Au total, 136 251 tests se sont révélés positifs, soit 2,7 % de l'ensemble des examens réalisés. Si l'on considère l'ensemble de la période 2003-2009, depuis la mise en place des premiers dispositifs de dépistage organisé dans les départements pilotes, l'efficacité du programme se mesure au nombre de cancers dépistés : plus de 13 500, sans compter les 54 000 adénomes dont 31 000 à risque.
Manque de dialogue médecin-patient
Comme chaque année depuis maintenant 4 ans, le mois de mars est consacré à la mobilisation contre le cancer colorectal. L'INCa saisit cette opportunité pour améliorer la participation au dépistage organisé de ce cancer, en lançant une nouvelle campagne de mobilisation.
Partant du constat que le sujet n'est pas suffisamment abordé en consultation 2, que ce soit par les patients (42 % seulement en parlent spontanément) ou les médecins généralistes (52 %), l'institut veut créer une parole réflexe chez les quinquagénaires afin d'améliorer les connaissances à l'égard du test de dépistage et lever ainsi les freins dont il est victime. Parmi ceux-ci, le fait que comparé aux autres cancers qui font l'objet d'un dépistage organisé, le cancer colorectal est lui dépisté depuis peu et surtout les modalités du test nécessitent une adhésion et un rôle actif de la part de la personne qui l'effectue, souligne l'INCa.
Une campagne d'envergure
La nouvelle campagne, lancée le 1er mars, durera deux mois. Elle s'appuie sur l'ensemble des supports médias (télévision, radio, presse, Internet) et repose sur une invitation claire : "Dès 50 ans, c'est le moment… de parler du dépistage du cancer colorectal à son médecin traitant".