Une journée ordinaire

Un patient m'apporte la liste des 31 médicaments de l'UFC que choisir, il prend depuis 5 ans du vastarel pour des vertiges bénins et son médecin a botté en touche...
Je lui ai préconisé de tenter d'arrêter et d'envisager un relais avec le tanganil si son médecin en est d'accord.

Pour le vastarel, quelqu'un peut m'expliquer pourquoi il est sur la liste ?

Adapter une ordonnance par exemple en fonction du poids du patient ou de ses allergies, lorsque la situation l’exige ;


Celle-ci ne devrait pas faire trop de vagues non plus. Elle ne remet pas en question le diagnostic du médecin.

Voici un exemple récent qui m'est arrivé:
Un patient se présente à la pharmacie. Le médecin prescrit un médicament X pour une indication Y. Je consulte le dossier du patient et je vois qu'il est allergique au médicament Z. Les patients allergiques au médicament Z seront presque assurément allergiques au médicament X. Je questionne le patient et il me dit avoir complétement oublié de mentionner cette allergie au médecin. C'est une allergie datant de quelques années, mais qui avait été très sévère.

Je refuse donc de servir le médicament X au patient. Avec les lois présentes, je devais communiquer avec le médecin. Évidemment, c'était un vendredi, il était 18h. Le médecin a quitté la clinique à 17h. Le patient a donc 2 choix: essayer de se trouver un autre médecin ce vendredi soir ou le weekend (bonne chance) en trouvant une clinique ou en se présentant à l'urgence, ou il attend que je puisse contacter le médecin à son retour au travail le lundi.

Cette situation est inacceptable. Pour la condition Y, le premier choix de traitement n'est même pas le médicament X. C'est le médicament ABC. C'est clair et c'est défini dans des guides de pratique québécois. Il aurait été facile pour moi de servir au patient le médicament ABC à la bonne dose pour la bonne durée de traitement sans faire attendre la patient. Cette substitution aurait pu être faite en toute sécurité. J'ai tous les outils pour faire le suivi de l'efficacité et de l'innocuité du traitement.

Évidemment, j'ai contacté le médecin le lundi matin. Sans surprise, le médecin a approuvé ma demande de changer le médicament X pour le médicament ABC. Le médecin n'a pas prescrit un mauvais médicament même si ce n'est pas un premier choix. Toutefois, le médecin a prescrit avec les informations dont il disposait. Or, le médecin n'a souvent pas toutes les informations, surtout en clinique sans rendez-vous. Peut-on accuser le patient de ne pas avoir tenu compte de l'allergie du patient si celui-ci n'a jamais mentionné l'allergie? Le pharmacien de famille qui suit le patient a souvent un dossier plus complet. Ceci permet d'éviter des erreurs. En laissant plus de latitude au pharmacien, le pharmacien pourrait corriger certaines situations.

Mais il ne faut pas dire corriger. Plutôt adapter une ordonnance puisqu'un médecin ne fait jamais d'erreur, n'est-ce pas?

Donc, adapter une ordonnance ne remettra pas en cause les compétences du médecin. L'opposition à cette suggestion sera probablement faible. Cependant, pour adapter correctement une ordonnance, le pharmacien doit disposer de l'intention thérapeutique. Les médecins s'opposent depuis plusieurs années à fournir l'intention thérapeutique avec l'ordonnance. Si je dois ajuster une dose de fer en pédiatrie, je ne donnerai pas les mêmes doses si c'est en prévention d'une anémie ou si c'est pour traiter une anémie sévère. La dose en fonction du poids varie grandement. Idem avec certains antibiotiques.

L'obtention de l'intention thérapeutique permet de savoir où se situe la responsabilité professionnelle. Voici ce que dit l'OPQ au sujet des ordonnance visant l'initiation ou l'ajustement d'une thérapie médicamenteuse: Lien


Q- Comment se partage la responsabilité entre le médecin et le pharmacien lors de l’application d’ordonnance visant à initier ou ajuster la thérapie médicamenteuse?
R- À l’heure actuelle, il n’existe aucune jurisprudence à ce sujet. À notre avis, le partage de la responsabilité entre les professionnels, médecins et pharmaciens, ne peut que suivre le partage des activités. Ainsi, le pharmacien qui initie ou ajuste la thérapie médicamenteuse en fonction d’une ordonnance sera responsable de la qualité des décisions qu’il prend alors, en plus évidemment d’être responsable de l’exécution de l’ordonnance, comme dans une situation classique. Comme le prévoit son code de déontologie, le pharmacien doit, avant d’accepter une ordonnance visant à
initier ou ajuster la thérapie médicamenteuse, tenir compte des limites de ses aptitudes, de ses connaissances et des moyens dont il dispose. Il doit aussi s’assurer de disposer de l’intention thérapeutique qui lui permettra de prendre les décisions appropriées.

8H arrivée à la pharmacie ; démarrage informatique = un poste planté ; la hot line informatique ne répond pas ( ouverture à 9H )
9H Ouverture : 1er client " je suis passé à 8H30 car je pensais que la pharmacie était ouverte ; vous comprenez mon fils est malade depuis 3 jours ........."
9H45 : la cliente " votre novalac à 13,90 est à 10,90 à la pharmacie truc much "
10H30 : le client " vous n'avez pas le tahor en boite de 90 ?? Vous comprenez avec les 50 centimes on ne s'en sort plus "
11H05 : téléphone d'Astra Zeneca alors que je leur ai déja dit 50 fois de ne plus m'appeler .
11H30 : ordonnance de Plavix avec la mention NS ( la 2eme depuis le début de la journée )
11H55 : la cliente : " je ne veux pas des "genetiques" parce que mon voisin en a pris et il a été malade "
12H29 : le client au téléphone : " je sais que vous fermez à 12H30 mais SVP attendez moi c'est urgent , j'arrive dans 20 minutes"
14H00 : réouverture ; coup de téléphone d'une de mes préparatrices " je ne serais pas la cette AM ; mon fils est malade " ( nous ne serons donc que 3 au lieu de 6 + un RV labo à assurer )
14H50 : prescription d'un Polery à un diabetique asthmatique ; réponse du médecin " je sais ce que je fais "
15H15 : reception par fax d'une prescription de gonal F à débuter ce soir ; pas en stock ; téléphone chez le grossiste pour un dépannage " trop tard , nous ne prenons plus les urgences aprés 15H "
15H30 : téléphone de l'animateur réseau de notre groupement : " avez-vous mis en place les tests de cholesterol et les RV avec la dieteticienne et vous n'avez pas répondu au questionnaire machin chose "
16H10 : la hot line informatique rappelle enfin " il faut changer le PC , nous passerons la semaine prochaine"
16H55 : la cliente : " je viens de déménager et je n'ai plus de pilules , à Paris mon phien me la donner sans ordonnance "
17H30 : un client de passage : " je n'ai plus d'insuline et n'ai pas mon ordonnance et ne sais plus laquelle je prends " Pas de DP ouvert , le médecin ne travaille pas l'AM .
17H55 : telephone de UPSA : " nous ne livrerons pas votre commande ; votre compte est bloqué car dernière facture impayée"
18H30 : ordonnance pour un flacon de clamoxyl et CMU pas à jour sans carte : " je ne peux pas vous payer ; repasserai vous règler demain!"
19H00 : la cliente : " la semaine dernière vous m'avez conseillé le médicament X ; je me suis sentie mieux tout de suite ; je viens vous remercier pour votre gentillesse"
19H30 : je ferme ; ouf .
Je passe mes commandes , fais la caisse ( erreur à corriger ) ; sauvegarde informatique .
19H45 : j'ouvre mon courrier ; 4 relances pour factures impayées ; facture Sanofi = augmentation de 20% des OTC .
1ere page du Moniteur : deremboursement de 200 spécialités ; baisse des LPP ; baisse des génériques ; le ministère décide de généraliser les boites trimestrielles ; plafonnement des remises génériques à 5% .
Page 2 : la FSPF espère un RV avec XB dans 6 mois .

Bon finalement la journée s'est pas trop mal passée . Je rentre à la maison à 21H00 .
Demain dure journée : controle URSSAF .



A peine caricatural .
Je me rassure ; il y a pire ( le chomage , le Japon , la Lybie , le cancer , les femmes d'alcooliques , ........................ )
Je n'ai pas l'habitude de me plaindre , je suis issu d'un milieu modeste et j'ai bossé comme un fou pour m'en sortir .
Juste besoin d'un peu de reconnaissance .