Seul contre tous. Non ce n’est pas le titre du dernier Harlan Coben mais le quotidien d’Emmanuel Delorme, gérant et associé majoritaire de la SELARL Pharmacie de Guerlédan, une des deux pharmacies de Mûr-de-Bretagne. Depuis quelques semaines, le pharmacien est en conflit ouvert avec ses salariés. Le personnel s’est d’ailleurs mis en grève, du 18 au 25 février, pour réclamer, entre autre, une réorganisation des plannings de congés hebdomadaires et annuels. Côté salarié, l’accusation porte sur les méthodes de travail contraignantes et le manque de dialogue avec le titulaire. Ce dernier, planning des vacances et emploi du temps des salariés à l’appui, se défend et contre-attaque. « J’ai convoqué deux inspecteurs du travail ainsi qu’un représentant de l’Ordre pour faire constater que mes employés étaient bien traités. Ils n’ont rien trouvé à redire », explique Emmanuel Delorme.
Mais pour le titulaire incriminé, l’affaire ne s’arrête pas là. Il soupçonne son associé d’être derrière ces tentatives de déstabilisation et d’avoir manipulé ses salariés pour précipiter son départ. Gérant de la SELARL, Emmanuel exerce seul mais partage le capital de l’officine avec ce confrère dont l’officine est située à quelques kilomètres de la sienne et qui faute de dividendes depuis trois exercices, cherche soit à sortir du capital, soit à poursuivre un autre projet avec la SELARL sans son associé majoritaire. « La situation est simple. La société n’est pas en difficulté et rembourse ses prêts bancaires mais il n’y a pas assez de trésorerie pour verser des dividendes pour ne pas affaiblir la trésorerie », déclare le pharmacien qui ne cesse de répéter son « désarroi » face à cette situation de crise. « Nous sommes dans une impasse totale. Si la situation s’est calmée ces derniers temps, les braises risquent de se rallumer avec la question des vacances, déplore Emmanuel Delorme. Mes salariés me réclament des semaines de vacances en juillet et en août mais avec la semaine de grève, je n’ai pas d’autre choix que de reporter les vacances à mai et juin, période creuse. » Si le statu-quo règne pour l’instant dans l’officine, le titulaire redoute la reprise des hostilités et de s’interroger : « je ne suis sans doute pas le seul titulaire à vivre ce genre de situation mais pour l’instant je ne vois aucune issue possible. Si des confrères ont des solutions pour sortir de cette crise, je suis preneur. » A bon entendeur…
La réponse de l’associé
Contacté par nos soins, Xavier Kuster, pharmacien à Carhaix, dit regretter la situation mais estime qu’on lui fait un faux procès. « Je ne suis pas le gérant donc je ne veux pas m’impliquer dans ce conflit. Je m’étonne tout de même de la tournure des événements. Les deux salariées grévistes travaillent dans l’officine depuis près de 20 ans sans aucun problème et sont très appréciées de la population. »
Olivier Valcke