Frédéric ABECASSIS, président de la Chambre syndicale des pharmaciens de l'Herault
« Vous venez de lancer un appel à la mobilisation auprès des pharmaciens de l’Hérault afin d’agir contre la baisse de la substitution. Quelle est la part de la mention non substituable dans cette baisse ? »
Nous pourrons quantifier cette part quand nous aurons terminé notre opération. Tous les pharmaciens sont conscients que la montée en puissance du non substituable freine considérablement l’évolution de la substitution. Aujourd’hui, on se rend compte que nous avons des ordonnances où la mention « non substituable » est portée sur tous les médicaments. Nous comprenons qu’il puisse y avoir du non substituable ponctuel, mais la situation actuelle nous étonne. Nous nous en sommes ouverts en Commission Paritaire où nous avons d’ailleurs annoncé cette opération. Hier, premier jour de l’opération, les pharmacies interrogées ont faxé entre 30 et 50 ordonnances à l’Assurance maladie.
« Quelle réaction attendez-vous de la part de l’Assurance maladie ? »
Nous voulons qu’ils prennent conscience qu’une diminution de la substitution n’est pas forcément le fait d’un relâchement de la vigilance des pharmaciens. Il existe une pression des laboratoires sur les médecins. Ces derniers prescrivent de plus en plus, soit hors répertoire, soit en non substituable. Ici, notre action se focalise sur le non substituable.
« Allez-vous programmer une action pour le hors répertoire ? »
Rien pour le moment mais je pense que cela viendra. Les médecins ont une liberté totale de prescription sur le hors répertoire et l’on ne pourra pas leur imposer quoi que ce soit. C’est peut-être aux pouvoirs publics d’obliger les médecins à effectuer une partie de leurs prescriptions dans le répertoire, ou alors de l’élargir.
« Vous avez adressé aux parlementaires une proposition d’amendement afin de supprimer la franchise de 0.50 € par boite, pour les génériques. Qu’attendez-vous de cette proposition ? »
Nous sommes intervenus auprès de beaucoup de parlementaires car c’est une idée que nous avons depuis quelques temps. Cette suppression de la franchise sur les génériques ferait progresser la substitution. Les patients seraient aussi les gagnants de cette opération car actuellement ils ne tirent aucun bénéfice à se faire prescrire des génériques. Cette suppression de la franchise irait donc dans le bon sens et pourrait bien convaincre les 30 à 40% de patients plutôt réticents vis-à-vis des génériques. Les parlementaires, pris individuellement, sont plutôt favorables à cette mesure. Les mêmes parlementaires, au sein de leurs groupes respectifs, se rangent derrière l’avis de leur parti. C’est le côté « girouette » de nos élus.
Je voudrais que tous les syndicats nous suivent. Si tel était le cas, cette suppression aurait plus de chances d’être adoptée. Ce serait, pour les patients, une récompense pour leur participation à l’effort de réduction des dépenses de santé. En effet actuellement le patient n’est pas spécialement incité à prendre un générique.
CELTIPHARM, le 11 mai 2011