Les produits laitiers : des amis pour la vie ?
La consommation de produits laitiers (lait, fromage, beurre) a été associée à un risque accru d'événements coronariens, d'AVC et de mortalité toute cause confondue. La présence excessive de graisses saturées dans ces aliments ayant été souvent mise en cause. Paradoxalement un effet protecteur de ces produits a également été largement documenté, effet attribué cette fois-ci à la teneur élevée en calcium, en certains tripeptides (pour les produits fermentés) ainsi qu’à un faible pourcentage de graisses saturées des versions allégées en matière grasse (MG).
Devant ces données pour le peu contradictoires, une nouvelle étude hollandaise s'est fixée comme objectif d'évaluer l'association entre consommation de produits laitiers (PL) et risque de mortalité (d’infarctus du myocarde, d'AVC ainsi que toute cause confondue) parmi une population de 120 852 individus issus de la Netherland Cohort study (NLCS). La Hollande est l'un des 5 plus gros consommateurs de produits laitiers par tête d'habitant de la planète.
Environ 58 000 hommes et 62 000 femmes de cette cohorte, âgés entre 55 et 69 ans, ont été soumis à un questionnaire alimentaire en 1986. Ce questionnaire apportait des informations détaillées sur la consommation de lait et dérivés (yaourt, fromage blanc, crème et produits finis en contenant), de fromage et de beurre. Les aliments ont été déclinés également en fonction de leur teneur en graisse (standard, allégés, ou à 0 % de MG). Les participants ont ensuite été regroupés en 5 quintiles en fonction de leur consommation quotidienne de PL (allant crescendo du 1 au 5ème quintile).
Au cours de 10 ans de suivi, 16 136 décès ont été recensés. Une analyse multivariée a été réalisée après ajustement sur l'âge, le niveau d’éducation, le statut tabagique, le niveau d'activité physique, l'IMC, la consommation d'alcool, de fruits et de légumes. Aucune association significative n'a été retrouvée entre consommation de PL (que ce soit dans leurs versions standard, allégée ou à 0 % de MG) et risque de mortalité. Une exception cependant mais qui reste marginale par son impact, la consommation de beurre chez les femmes était associée à un risque faiblement accru de mortalité (RR 1,04, IC 95 % : 1,01-1,06 par 10 g par jour).
Selon les auteurs, la consommation de PL sous toutes les formes aurait un effet neutre sur la mortalité. En effet ni l’effet « délétère » des graisses saturées ni l’effet « protecteur » des produits allégés ou fermentés ne semblent modifier le risque.
Dr Rodi Courie
Goldbohm RA et coll. : Dairy consumption and 10-y total and cardiovascular mortality: a prospective cohort study in the Netherlands. Am J Clin Nutr., 2011; 93: 615-27.