Steve Jobs : erreur 404 malgré les applis médicales
Publié le 06/10/2011
San Francisco, le jeudi 6 octobre 2011 – La présentation commença et une nouvelle fois la surprise opéra. La première « slide » ne comportait que deux chiffres « 110/70 ». Steve Jobs commenta : « Il s’agit de ma pression artérielle ». En ce mois de septembre 2008, le message était adressé à tous ceux qui bruissaient des rumeurs les plus inquiétantes sur l’état de santé du fondateur d’Apple. Un mois plus tôt, le réseau Bloomberg avait en effet semé la panique en annonçant la mort du capitaine d'industrie de génie, victime depuis 2004 d’un cancer du pancréas. Par cette pirouette, Steve Jobs nourrissait une stratégie de communication autour de sa santé qui pendant huit ans oscilla entre le mystère et la confidence. Mais surtout, il rappelait que l’essentiel dans ses fameuses « key note » n’étaient pas la santé du présentateur… mais plutôt celle de ses idées.
Devenez donneur d’organes
Longtemps Steve Jobs refusa d’évoquer les pathologies qui le frappaient. Il fut pourtant contraint à plusieurs reprises de revenir sur les signes qui transparaissaient lors de ses apparitions publiques suivies dans le monde entier. Il tentait cependant toujours de limiter les informations. Ainsi, quand les interrogations se multiplièrent quant à son important amaigrissement à la fin 2008, il indiqua dans une lettre adressée au personnel d’Apple en janvier 2009 souffrir d’un « déséquilibre hormonal qui m’a privé des protéines dont mon corps a besoin et qui impose, un régime alimentaire » avant de conclure : « J’en ai dit plus que je ne voulais dire ». Pourtant, à d’autres heures, Steve Jobs se montra plus disert comme lorsque face à des étudiants il évoqua le 9 septembre 2009 sa greffe de foie. Il tint notamment à préciser que le donneur était un jeune homme d’une vingtaine d’années victime d’un accident de voiture et enjoint les personnes présentes à se déclarer donneur d’organes.
Pomme x sur le pancréas
Si les déclarations de Steve Jobs autour de sa santé sont donc restées limitées, son très étonnant parcours médical, sa « résistance » pendant plus de huit ans après le diagnostic d'un cancer du pancréas ont suscité outre-Atlantique de nombreux commentaires et analyses. Tant et si bien que l’histoire médicale du génie de l’informatique a pu peu ou prou être reconstituée. Elle commence en 2004 quand Steve Jobs confirme être atteint d’un cancer du pancréas. Face à une pathologie dont le taux de survie à un an ne dépasse pas 25 % et à 5 ans 6 %, les perspectives sont sombres. Cependant, il apparaît que le cancer qui frappe le fondateur d’Apple est une forme rare (moins de 5 % des cas) qui touche les îlots de Langerhans et non la partie exocrine du pancréas. Le pronostic paraît meilleur. Steve Jobs aurait initialement hésité à se soumettre à des traitements conventionnels avant de subir une duodéno-pancréatectomie. L’intervention se révèle un succès et le célèbre patient ne semble pas avoir reçu de chimiothérapie ou de radiothérapie supplémentaires.
Greffe du foie
Si Steve Jobs revient progressivement à la tête d’Apple, pendant les années qui suivent ce premier « retrait », sa silhouette sera constamment scrutée ainsi que sa vivacité lors de ses multiples et légendaire keynotes. Son absence lors de certaines présentations est également commentée. En janvier 2009, Steve Jobs rompt le silence qu’il entourait autour de sa santé en évoquant le « déséquilibre hormonal » dont il serait victime et qui provoquerait son amaigrissement.
Quelques mois plus tard, il doit une nouvelle fois abandonner les manettes d’Apple à Tim Cook. L’explication ne sera donnée que quelques semaines après la réalisation d’une transplantation hépatique dont la raison n’a jamais été clairement précisée. Cette greffe était cependant possiblement liée à la tumeur développée en 2004 (métastases hépatiques ?). Les praticiens du Methodist University Hospital Institute de Memphis où l’intervention avait été réalisée se montraient à l’époque très encourageants. Cependant, les pronostics face à ce type d’intervention sont en réalité très mauvais. « Les trois quart des patients qui reçoivent une greffe hépatique en raison de ce type de cancer voient leur cancer récidiver au bout de deux à cinq ans » avait expliqué le docteur Simon Lo, spécialiste des cancers digestifs au Cedars-Sinai Medical Center à Los Angeles en août dernier.
Une pomme par jour éloigne le médecin
C’est en août en effet que Steve Jobs annonça son retrait définitif d’Apple, ce qui provoqua la consternation de ses milliers de fans dans le monde. Le patron d’Apple se contenta de préciser qu’il avait toujours prévu de quitter l’entreprise s’il apparaissait que sa santé ne lui permettait plus d’assurer ses fonctions. L’hypothèse d’une récidive de son cancer fut très largement évoquée, son risque étant d’autant plus accru que Steve Jobs recevait des immunosuppresseurs depuis sa greffe. Malgré ce que certains ont salué comme sa formidable « résistance », Steve Jobs est mort à l’âge de 56 ans. En donnant le nom d’ « Apple » à une des entreprises mythiques de l’informatique, Steve Jobs espérait pourtant sans doute mettre à profit le conseil attribué à Winston Churchill qui veut qu’une pomme par jour éloigne le médecin (à condition de bien viser précisait-il )… sauf quand le destin bug.
Aurélie Haroche