12/04 | 07:00 | Vincent Collen – Les Echo
Santé : Sarkozy veut accélérer les économies
L'assurance-maladie devrait économiser plus de 3 milliards par an pour tenir l'objectif fixé par le candidat de l'UMP. Professionnels de santé, industrie pharmaceutique et assurés seraient mis à contribution.
Si Nicolas Sarkozy l'emporte le 6 mai, l'assurance-maladie sera fortement mise à contribution pour réduire les dépenses publiques. Sur les 40 milliards d'euros d'efforts prévus entre 2013 et 2016, il faudra faire 13 milliards d'économies sur les dépenses de santé remboursées par la Sécurité sociale, a annoncé le chef de l'Etat la semaine dernière. C'est la condition nécessaire pour tenir l'objectif de progression des dépenses limité à 2,5 % par an. Et pour que le déficit de l'assurance-maladie soit ramené à zéro en 2016.
Les 13 milliards d'économies représentent l'effort à faire par rapport à la croissance « spontanée » des dépenses, qui est d'un peu plus de 4 % par an. Il s'agit de la progression naturelle du budget de l'assurance-maladie, liée au vieillissement de la population et à l'augmentation régulière de la population atteinte de diabète, de cancer ou de maladie cardio-vasculaires. Pour brider cette tendance, le gouvernement fixe tous les ans un objectif d'évolution des dépenses nettement inférieur : 3 % en 2010, 2,9 % en 2011, 2,5 % en 2012. Et présente un plan d'économies pour y parvenir. Le candidat Sarkozy vient de le faire pour l'ensemble du second quinquennat qu'il brigue.
Le plan qu'il a dévoilé la semaine dernière représente un effort de plus de 3 milliards d'euros par an, un peu plus ambitieux que ceux des années précédentes. Tous les acteurs du système de santé seraient mis à contribution. A commencer par l'industrie pharmaceutique. Les prix des médicaments seraient réduits de plus de 700 millions d'euros par an. Et l'exécutif demanderait aux médecins de réduire les volumes de médicaments prescrits, ce qui permettrait d'économiser près de 400 millions de plus tous les ans.
Lutte contre la fraude
Deuxième gros contributeur au plan d'économies : l'hôpital. Les établissements devraient réduire leurs coûts de plus de 600 millions par an. En favorisant, lorsque c'est possible, la chirurgie ambulatoire (par opposition à l'hospitalisation). Nicolas Sarkozy préconise aussi « la poursuite des gains de productivité ». Ce qui se traduirait le plus souvent par des suppressions de postes, les salaires représentant les deux tiers des coûts des hôpitaux. Les effectifs ont déjà commencé à reculer depuis 2009, même si l'Etat n'a pas édicté de normes telles que le « 1 sur 2 ».
Certains professionnels de santé seraient eux aussi pénalisés, le candidat de l'UMP promettant plus de 300 millions d'économies sur le tarif de certains actes. Ces dernières années, les radiologues et les biologistes ont été les principaux concernés. Le chef de l'Etat compte enfin demander un effort aux assurés. Ils devront prendre moins d'arrêts de travail et de transports sanitaires pour les trajets entre leur domicile et l'hôpital. Autre économie : plus de 100 millions par an en faisant mieux appliquer la suppression du tiers payant pour les patients qui refusent que le pharmacien délivre une version générique de leur médicament. Enfin, la lutte contre la fraude doit rapporter 250 millions par an. C'est plus ambitieux que le bilan des dernières années, où l'assurance-maladie n'est pas parvenue à récupérer plus de 150 à 180 millions par an.
VINCENT COLLEN