25/04 | 07:00 DE FAVILLA – Les Echos
Confiance dans l'hôpital public
Près de trois ans après la grande loi « Hôpital, patient, santé, territoire », HPST pour les intimes, le ministre de la Santé a demandé à un collège d'experts de dresser un premier bilan de son application. Le rapport que ceux-ci viennent de lui remettre secoue bien des idées reçues. Avant de le lire, on était convaincu que l'hôpital public filait un mauvais coton, accablé de dettes, manquant cruellement de moyens humains et matériels, bousculé par la concurrence des cliniques privées. Tel est du moins le discours ressassé à longueur de journée sur toutes les antennes par les procureurs habituels.
Or, après des dizaines de réunions approfondies dans toutes les régions de France avec les responsables hospitaliers, médecins, infirmiers, gestionnaires, le collège d'experts livre un diagnostic très sensiblement différent. D'abord un grand attachement de tous ces professionnels à leur hôpital et à leur mission de service public. Ensuite, une volonté de faire équipe et de mettre un terme à la guéguerre ancestrale entre médecins et gestionnaires administratifs. Enfin, et surtout, les uns et les autres ne réclament pas des moyens supplémentaires, ils demandent un clair partage des rôles.
La loi HPST était censée créer des agences régionales de santé afin de décentraliser la politique de santé publique. Or jamais autant de directives et autres circulaires ne sont descendues en rafales des ministères parisiens, se mêlant du moindre détail.
Sur le terrain, on réclame tout simplement que l'Etat joue son rôle de stratège en définissant les grandes orientations, que les agences régionales répartissent les moyens financiers en fonction d'indicateurs clairs et veillent à une bonne répartition de l'offre de soins sur le territoire et que, pour le reste, on laisse aux établissements hospitaliers la plus large autonomie de gestion et d'organisation pour atteindre les objectifs ainsi fixés.
En refermant ce rapport, on ressent une nouvelle fois l'impression que ce dont souffre la France, ce n'est pas d'un Etat pauvre, c'est d'un Etat jacobin et touche-à-tout.