Des boîtiers d'automesure pour gérer sa santé à distance

Des boîtiers d'automesure pour gérer sa santé à distance

LE MONDE | 23.04.2012 à 13h23
Par Pascale Santi

Deux fois par semaine, le patient, à son domicile, prend sa tension, se pèse, enregistre ses pulsations... Cela grâce un matériel d'automesure conçu par la société H2AD, plate-forme de télémédecine. Ces boîtiers, appelés Twitoo, collectent et envoient les données à une interface Web sécurisée. Elles peuvent être consultées par le patient et les professionnels de santé qui le suivent.
L'expérience vient d'être lancée auprès du réseau des insuffisants cardiaques de l'Isère (Resic 38) du CHU de Grenoble, affiliés au régime minier d'assurance-maladie, la Cnassm. Baptisée EPIC38 (pour épidémiologie insuffisance cardiaque), cette expérience prend en charge à domicile des insuffisants cardiaques en milieu rural. Le but est de compter une centaine de patients à la fin de l'année.
Il s'agit d'améliorer la qualité de vie du patient et de favoriser son maintien à domicile. "Au-delà du bien-être de la personne, nous allons évaluer si cette expérience est viable économiquement. Cela devrait permettre de désengorger les urgences, de réduire le taux d'hospitalisation et les transports sanitaires", explique Stéphanie Firetto, responsable de communication de la Cnassm. "Si les données sont anormales, la plate-forme est prévenue. Le médecin traitant est averti par texto. Il peut accéder à l'historique de son patient de son smartphone", explique Paul Verdiel, président d'H2AD.
Ces outils d'automesure peuvent être proposés à tout patient atteint de maladie chronique (diabète, asthme, maladies cardio-vasculaires...). "C'est l'essor du "quantified self", c'est-à-dire la possibilité pour un individu de récolter ses propres données biométriques et de les partager", constate le docteur Antoine Poignant, président du groupe Eurohealthnet. Fréquence cardiaque, pression artérielle, poids... Tout est mesurable.
TÉLÉCONSULTATIONS
C'est l'un des champs ouverts par la télémédecine ou e-santé. "Ces mesures médicales effectuées chez le patient représentent des données qui doivent être sécurisées", avertit Ghislaine Alajouanine, présidente de la commission Galien, qui se bat pour faire de la France un leader dans ce domaine.
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Dans un contexte de vieillissement de la population et de développement de maladies chroniques, les enjeux sont de taille. La télémédecine a en effet sa place en gériatrie. Le réseau Télégeria, lancé en 2006 et coordonné par le docteur Pierre Espinoza, de l'hôpital Georges-Pompidou à Paris, permet de donner des téléconsultations par visioconférence à des patients hospitalisés en maison de retraite.
"La santé à domicile va remplacer l'hospitalisation systématique, souligne Jean-Marie Le Guen, député PS de Paris et conseiller de François Hollande pour la santé, dans une tribune publiée le 11 avril dans Libération. La généralisation de l'application des technologies numériques à la santé modifie la place du patient, de plus en plus acteur de sa santé."
Pascale Santi