Exclusif : les professionnels à 50/50 sur la prophylaxie pré exposition du VIH
Paris, le lundi 11 juin 2012 – Etre médecin c’est souvent être confronté à des dilemmes dignes de Pierre Corneille. Faut-il demeurer absolument fidèle aux méthodes pour l’heure le plus solidement évaluées, surtout lorsqu’on connaît les conséquences potentiellement néfastes des autres voies ou accepter de transiger pour répondre à l’imperfection inhérente de toute vie humaine ? Telle est la question presque tragique qui semble se poser lorsqu’on s’interroge sur la prophylaxie pré exposition (Prep) du VIH. Doit-on en l’état actuel de la science rejeter un traitement qui risque de favoriser les pratiques à risque ou au contraire préférer de recommander une telle stratégie préventive à ceux dont on sait que très probablement ils failliront de toute manière aux règles classiques de protection par le préservatif ?
Perplexité
Le débat aujourd’hui n’est nullement tranché chez les professionnels de santé comme le démontrent les résultats du sondage réalisé sur notre site du 16 mai au 7 juin qui révèlent une égalité parfaite (47 %) entre la proportion de professionnels favorables à l’autorisation d’un traitement médicamenteux préventif de l’infection à VIH et celle de praticiens opposés aujourd’hui à une telle idée. La perplexité avec laquelle les médecins, pharmaciens et infirmiers français analyse ce sujet s’observe également dans l’importante part de répondeurs ayant indiqué ne pas pouvoir se prononcer (7 %). Ainsi, il apparaît que les études d’évaluation de la Prep publiées à ce jour n’ont pas permis d’emporter majoritairement la conviction des professionnels sur la pertinence (ou à l’inutilité) d’une telle stratégie. Soit parce qu’elles n’interrogent pas suffisamment la question des effets secondaires (individuels ou collectifs [résistance]), soit parce qu’elles ne permettent pas de rendre compte des conséquences de l’autorisation de traitements préventifs sur les pratiques adoptées dans l’ensemble de la population, ou soit parce qu’elles ne mettent pas en évidence de protection absolue à l’instar du préservatif.