Le NHS (National Health Service) britannique vient de rendre publiques ses conclusions sur la nature du gel contenu dans les prothèses PIP.
Après des mois d'analyses chimiques et toxicologiques rigoureuses, les prothèses PIP ne seraient que des prothèses de moindre qualité ne répondant pas aux standards mais qui ne poseraient pas de problème de santé sur le long terme (source : NHS). Le gel n'est ni toxique, ni carcinogène.
Un discours plutôt rassurant après la panique mondiale généralisée que la France avait déclenchée quelques temps plus tôt.
Les auteurs du rapport ont par ailleurs affirmé qu'il est peu probable que de nouvelles expertises conduisent à des conclusions différentes du fait du grand nombre de lots différents testés à ce jour un peu partout dans le monde. Ces prothèses ne sont pas toxiques mais elles ne respectent toutefois pas les standards en la matière et présentent un taux de ruptures 2 à 6 fois plus élevé, détectables à partir de 5 ans après l'implantation.
Le Dr Daniel Fleming, membre de l'Australasian College of Cosmetic Surgery a expliqué que ces résultats allaient enfin rassurer les porteuses de prothèses PIP. "Il est décevant de constater qu'elles se rompent plus souvent que les autres, mais ce n'est pas une raison pour les retirer si elles ne se sont pas rompues. Il faut simplement les surveiller un peu plus que des implants classiques".
Plusieurs leçons devront être tirées de cette affaire.
La première leçon concerne évidemment les industriels qui osent jouer aux apprentis sorciers en "remaniant" à leur sauce les normes en vigueur. Nul doute que les "mésaventures judiciaires" à venir de Jean-Claude Mas, l'ancien dirigeant de PIP en refroidiront plus d'un.
Une seconde leçon nous est directement adressée par la voix du Professeur Sir Bruce Keogh, directeur médical du NHS, en déclarant que "ces implants ne sont pas toxiques et ne devraient pas poser de problèmes de santé à long terme" mais que ces femmes viennent de vivre des moments "incroyablement effrayants".
Effectivement, l'emballement médiatique initié par la France, sous l'oeil dépassé et passif du ministre et des autorités de santé qui ont navigué à vue pendant cette crise fut responsable d'une psychose collective qui n'a pas manqué d'être préjudiciable.
En France, 5257 femmes ont été explantées à titre préventif avec toutes les conséquences et les risques que ce type d'opération peut présenter.
La France en aurait-elle trop fait ? Jusqu'où doit s'arrêter le principe de précaution ? A fortiori puisqu'il n'y avait pas d'urgence, selon les propres termes de Xavier Bertrand, le rôle de l'Etat n'est-il pas de calmer le jeu pendant les crises le temps que les expertises se fassent ?
Ce sont les réflexions que devra se poser la nouvelle ministre de la santé Marisol Touraine si une nouvelle "bombe sanitaire" venait à exploser.