Remue-ménage au ministère de la Santé
Il y a comme un coup de spleen, mais surtout un sentiment d’injustice qui flotte, en cette fin d’année, au ministère de la Santé. Symptôme de ce malaise, le départ précipité du directeur de cabinet de Marisol Touraine, Jean-Luc Névache. Brutalement remercié sur ordre de Matignon, qui entend «resserrer les boulons». Il est remplacé par Denis Morin, secrétaire général du ministère des Affaires sociales.
Ce chassé-croisé a déclenché un électrochoc au sein du ministère. Jean-Luc Névache, préfet et ancien délégué à la Sécurité routière, avait été choisi par les services du Premier ministre. Avenue de Ségur, il était plutôt apprécié. Mais depuis la rentrée, couraient de méchantes rumeurs : le cabinet fonctionnerait mal, les dossiers du ministère manqueraient de panache. Certains pointent les rapports distants de Marisol Touraine avec le Premier ministre, et rappelent l’analyse peu diplomatique de la ministre lorsqu’elle avait regretté, en septembre, qu’à côté d’un président normal il y ait un… Premier ministre normal, ce qui avait été fort peu apprécié.
Confusion. «Le problème n’était pas son directeur de cabinet, note un ancien de Direction générale de la santé, mais son cabinet.» Celui-ci manquerait de souffle. Et le sentiment s’est insinué que le travail des conseillers se limiterait à faire la communication de la ministre. Propos sévères et un rien machistes à l’égard de la Marisol Touraine, car ces mêmes hauts fonctionnaires ne se seraient jamais permis pareilles critiques sur le cabinet de Xavier Bertrand.
Il n’empêche, Marisol Touraine termine l’année fatiguée. Elle a pu donner le sentiment de jouer en solitaire. Aux yeux de certains, elle a paru lointaine, se refermant sur la gestion technique des dossiers. Comme lors de la négociation sur les dépassements d’honoraires : à l’extérieur, celle-ci a été perçue comme le summum de la confusion et symbolique d’un rapport de force d’un autre temps. Toutefois, la ministre a continué de défendre cet accord, le jugeant «historique».
«On dit qu’elle reçoit peu, mais elle ne fait que cela, du matin jusqu’au soir», constate un proche. Quant à ses directeurs d’administration, ce sont des pros, mais aucun ne s’impose. A l’évidence, il manque des idées fortes, un souffle. En cela, la Santé ressemble à Matignon.
Loupés. Ce sera, en tout cas, le troisième départ au sein du cabinet de Marisol Touraine. Cet été, sa chargée de communication est partie ; récemment Christophe Lannelongue, chargé de l’organisation des soins, s’en est allé après quelques loupés dans ses dossiers. Il vient d’être remplacé par François Crémieux, une personnalité incontestée. L’arrivée de Denis Morin va marquer un changement, mais lequel ? Il vient avec un de ses adjoints, Bruno Marquat, inspecteur général des affaires sociales.
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