Le teriflunomide, nouvelle option dans la sclérose en plaques
Publié le 10/10/2011
Le teriflunomide est un inhibiteur réversible de la déhydro-orotate déhydrogénase, enzyme clé impliquée dans la synthèse des pyrimidines lors de la réplication de l’ADN. Cette propriété entraîne une diminution de l’activation des lymphocytes B et T, de leur prolifération et de leurs réponses aux autos antigènes. Cependant cette substance préserve la réplication et la fonction des cellules d’indivision lente utilisant les sources exogènes de nucléotides pyrimidines. Des études préliminaires de phase II avaient déjà montré qu’une dose quotidienne de 7 ou 14 mg de teriflunomide diminuait l’activité de la maladie.
Cependant, dans le New England journal of Medecine viennent d’être publiés les résultats de l’étude TEMSO (The Teriflunomide Multiple Sclerosis Oral trial).
Cet essai thérapeutique de phase 3, randomisé, en double aveugle, contre placebo a été développé afin d’évaluer l’efficacité et la sécurité du teriflunomide dans la sclérose en plaques rémittente. Au total, 1 088 patients avec sclérose en plaques rémittente, ayant eu au moins une poussée dans l’année ou au moins 2 poussées dans les deux dernières années ont été inclus dans cette étude comparant l’effet du placebo et du teriflunomide à la dose de 7 ou de 14 mg par jour pendant 108 semaines. Ces patients avaient un handicap léger à modéré (EDSS<5). Le score EDSS (Expanded Disability Status Scale) moyen à l’inclusion était de 2,7. Le traitement par teriflunomide a réduit significativement le taux annuel de poussée (critère majeur d’évaluation) de 31,2 % pour la dose de 7 mg et de 31,5 % pour la dose de 14 mg (p<0,00 1). Le pourcentage de patients dont le handicap continuait à progresser était plus important dans le groupe placebo (27,3 %) que dans le groupe 7 mg (21,7 %, p=0,03) et le groupe 14 mg (20,2 %, p=0,08). L’IRM a retrouvé des résultats similaires avec une diminution de la charge lésionnelle et du nombre des lésions rehaussées après injection de gadolinium. Par contre, il n’a pas été observé d’effet sur l’atrophie. La fatigue faisait également partie des paramètres d’évaluation mais il n’a pas été noté de différence entre les trois groupes en ce qui concerne le score à la Fatigue Impact Scale. Dans le groupe traité par teriflunomide, davantage de diarrhées, de nausées et de complications capillaires (cheveux plus fins) ont été constatées. Des infections sérieuses ont été reportées chez 1,6 % des patients sous placebo et 2,5 et 2,2 % des patients sous produit actif. Il a été noté une augmentation discrète des transaminases chez 54 à 57,3 % des patients sous teriflunomide (35 9 % dans le groupe placebo). Toutefois les taux d’augmentations significatives à trois fois la valeur normale ont été similaires dans les différents groupes (entre 6 et 7 %).
Les auteurs considèrent dans leur conclusion que le teriflunomide diminue de manière significative la progression de la maladie sur le plan clinique et en IRM. La sécurité du produit est satisfaisante et les auteurs s’avèrent confiants dans cette molécule en raison de l’expérience accumulée avec une pro drogue, le léflunomide largement utilisé dans la polyarthrite rhumatoïde. En effet ce dernier est prescrit depuis 1998 et il n’a été observé que 2 cas de leucoencéphalopathie multifocale progressive. Les options thérapeutiques se multiplient pour traiter les patients atteints de sclérose en plaques rémittente. Le teriflunomide en raison de sa facilité d’administration et de son profil de sécurité pourrait être envisagé si est démontrée une supériorité voire une non infériorité par rapport au traitement de référence qui reste l’interféron bêta.
Dr Christian Geny
O’Connor P et coll. : Randomized Trial of Oral Teriflunomide for Relapsing Multiple Sclerosis. N Engl J Med 2011;365:1293-303