Grossiste-répartiteur : profession en danger ?
Lors de son colloque, la Chambre syndicale de la répartition pharmaceutique (CSRP) dessine un avenir de la profession bien incertain et tire la sonnette d’alarme. Mise à mal durant l’été en raison de la recrudescence des ruptures de stocks et des exportations abusives, avec 7 millions de médicaments livrés chaque jour, la répartition est un élément indispensable à l’accessibilité aux soins dans notre système de santé. Elle repose sur 4 fondamentaux : la qualité, la fiabilité, la régularité et la nécessité d’avoir une bonne dispensation (le bon produit au bon patient au bon moment). Comme le souligne Jean-Pierre LAMOTHE, vice-président de la FSPF, « La Redoute livre en 48 heures, nous nous livrons en 6 heures ». Mais depuis 10 ans, la profession voit ses bénéfices fondre l’obligeant à évoluer avec une marge de manœuvre limitée puisque trop dépendante de la marge sur les médicaments. Les raisons de cette crise sont nombreuses : une marge impactée par, d’une part, son plafonnement pour les médicaments dont le prix est supérieur à 400 euros, et d’autre part, l’autorisation de vendre les génériques au prix fournisseur ; le droit de substitution qui a eu un impact direct sur les marges réalisées et qui a influencé l’organisation du réseau ; les quotas et les ventes directes, qui ont profondément désorganisés la profession et enfin l’apparition des « short-liners » suite à la loi HPST qui ont un statut de grossistes et l’exportation illégale qui faussent le jeu. Selon Claude CASTELLS, président de la Chambre syndicale de la répartition pharmaceutique, se pose aujourd’hui « la question de la volonté de neutraliser les grossistes ». Il a également souligné le manque de synergie entre les différents maillons de la chaîne de distribution mettant en avant la nécessité d’un régulateur, reste à savoir si ce sera l’Etat ou s’il relèvera du privé. Les dysfonctionnements qui sont apparus font évoluer la profession vers de nouvelles offres : appels d’offres, numéro vert, etc. et cela doit s’intensifier pour que la profession ne soit plus dépendante d’une rémunération à la marge. Claude CASTELLS rajoute qu’il faudrait « une distribution spécifique, attachée à des produits et non à des laboratoires, en respectant l’obligation de service public et le cahier des charge ». Il est donc important d’apporter des solutions nouvelles pour éviter que la profession ne devienne « une centrale d’achat ». En effet, comme le rappelle Alain-Michel CERETTI, conseiller santé auprès du Défenseur des droits, la fragilité des répartiteurs fragilise le malade.
Source : CELTIPHARM, 19 octobre 2011