http://sante.lefigaro.fr/actualite/2012/02/22/17439-hopital-depassements-dhonoraires-epingles"Par figaro icon le figaro.fr - le 22/02/2012
Une enquête de 60 millions de consommateurs révèle des dépassements allant jusqu'à 10 fois le tarif remboursé par la Sécurité sociale. La faute à la pénurie de praticiens qui fausse le système, estime un syndicat.
Près de 4500 euros facturés pour une prothèse de hanche alors que le prix remboursé par la Sécurité sociale se limite à 460 euros: cet exemple, parmi beaucoup d'autres, est cité par 60 millions de consommateurs dans une enquête sur les dépassements d'honoraires à l'hôpital public à paraître jeudi.
«Autorisés à exercer une activité libérale au sein même d'un hôpital public, certains chirurgiens en profitent pour pratiquer des tarifs indécents», écrit le magazine consumériste dans son numéro de mars, au terme d'une enquête qui a duré plus d'un an et s'est heurtée à de nombreux obstacles. Ce travail, mené avec l'appui logistique de Santéclair, filiale commune à plusieurs complémentaires santé, entend révéler «l'ampleur» d'un phénomène connu et légal, le secteur libéral au sein des hôpitaux publics.
Jusqu'à 10 fois le prix remboursé par la Sécu
Sur un total de quelque 45.000 praticiens du public, 4524 (environ 10%) exercent une activité privée au sein de l'hôpital et parmi eux, 1824, relevant du secteur 2, fixent librement leurs honoraires pour certains patients ayant voulu être soignés par eux, selon des chiffres de 2010.
Le processus des actes privés à l'hôpital est le suivant: si un patient veut être traité par un spécialiste de renom et/ou ne veut pas attendre plusieurs semaines ou plusieurs mois, il peut solliciter d'être pris en privé, diminuant ainsi sensiblement son délai d'attente, quitte à payer pru cela le prix fort.
Ainsi pour une opération simple, celle de la cataracte, dont le tarif conventionné (remboursé par l'assurance maladie) est de 271,70 euros, un patient pourra débourser jusqu'à 1490 euros s'il choisit un «ponte» de l'Hôtel Dieu à Paris. Alors qu'il n'aurait payé que de 511 à 777 euros dans une clinique privée, dépassements d'honoraires inclus, selon le magazine.
Certains praticiens de l'hôpital Cochin, toujours à Paris, facturent jusqu'à 4250 euros la pose d'une prothèse de hanche, alors que le tarif conventionné se limite à 459,80 euros.
«La priorité: garder les bons praticiens»
Sur une quarantaine d'actes médicaux, la moyenne des dépassements oscille entre 68 et 408% du tarif Sécu mais «il n'est pas rare que les montants facturés atteignent des taux supérieurs à 1000%», écrit 60 millions de consommateurs qui affirme s'être heurté à de nombreuses difficultés pour obtenir ces chiffres, tant auprès des agences régionales de santé, des hôpitaux que de l'Assurance maladie.
Pour le Dr Norbert Skurnik, président de la Coordination médicale hospitalière, «c'est une mauvaise réponse à une vraie question». «La question de savoir s'il faut autoriser des plages d'activité libérale à l'hôpital public -qui a divisé la profession dans les années 1980 et 1990- a été rendue obsolète par la crise de la démographie médicale, explique-t-il au Figaro. Aujourd'hui, le manque de praticiens hospitaliers est tel qu'un hôpital ne peut plus se permettre de perdre un chirurgien compétent et expérimenté. S'il décide de partir pour une clinique privée, c'est un drame pour l'établissement qui ne trouve personne pour le remplacer, faute de candidats. C'est vrai même à Paris. Ces demi-journées en libéral permettent de le garder. L'urgence, c'est de revoir les conditions matérielles, le statut et la reconnaissance des praticiens hospitaliers pour rendre l'hôpital plus attrayant». "
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Dépassements en
moyenne "... entre 68 et 408% ..." et pouvant aller jusque "... des taux supérieurs à 1000% ...". C'est indigne.
J'ai eu la chance de connaitre un jeune mais surtout brillant chirurgien orthopédiste pour enfant/adolescent qui ne pratique pas de dépassement: consultation = 60 euros.
Ce chirurgien m'a expliqué 2 choses :
- la chirurgie orthopédique est très "technique" et le résultat d'une opération n'est jamais gagné d'avance car ce n'est que le point de départ de multiples actes (broches, consolidation, rééducation musculo-squelettique etc.) moins "visibles" mais qui influent tout autant sur la guérison ou ne serait-ce que le bénéfice de l'acte opératoire; or en cas de problème, le patient ou la famille se retourne toujours contre le chirurgien d'où des primes d'assurance élevées (entre 40 000 et plus de 100 000 euros par an) et la tendance à en faire supporter le coût au malade;
- comme tout acte médical, la chirurgie orthopédique "est protocolisée et chaque action individuelle du chirurgien fait l'objet d'une cotation d'acte; ce chirurgien est l'un des rares à enregistrer chaque acte durant l'opération puis à coter chaque acte comme il se doit; résultat : une chirurgie orthopédique réalisée par ses soins coûte plus à la sécu car tout est minutieusement décompté (sans atteindre les sommes correspondantes aux dépassements évoqués) tout en étant très bien rémunéré; au début, il a eu du mal à démontrer à la sécu que ce qui était facturé correspondait bien à la réalité car les autres chirurgiens ne facturaient pas autant d'actes; les dépassements sont donc aussi une solution de facilité pour les praticiens afin de gagner plus en travaillant moins...
Je veux bien que l'on ne soit pas au pays des bisounours mais la limite acceptable est beaucoup trop souvent franchie par les praticiens ayant pris la grosse tête au vu de la pénurie médicale, toutes spécialités confondues, sans en faire une généralité : beaucoup de spécialistes de ville ont de tarifs "normaux" avec des dépassements de quelques euros. La qualité de leurs soins est suffisamment bonne pour qu'ils refusent du monde et qu'ils n'aient pas besoin de courir après les honoraires; ceci explique cela.