Ethylotest : l’objet de l’été
Publié le 28/06/2012
Paris, le jeudi 28 juin 2012 – Les secteurs épargnés par la crise sont rares. Et les fabricants d’éthylotests chimiques (et dans une moindre part électroniques) n’étaient pas destinés à faire partie de ceux là. C’était sans compter avec l’adoption coup sur coup de deux mesures qui ont contribué à littéralement doper la production et surtout l’achat de ces dispositifs d’autocontrôle. D’abord, depuis le 1er décembre, les établissements ouverts après deux heures du matin doivent obligatoirement tenir des éthylotests à la disposition de leurs clients. Surtout, à partir du 1er juillet (même si l’infraction ne sera sanctionnée qu’à partir du 1er novembre), les automobiles, motos et camions devront transporter au moins un éthylotest, si ce n’est deux comme le conseille la Sécurité routière.
Rupture de stocks et hausse des prix
Cette décision a provoqué un véritable effet d’aubaine pour les fabricants. L’un d’eux, confirme : « Notre chiffre d’affaires devrait passer de trois millions d’euros l’an dernier à douze millions cette année », tandis que 100 millions d’éthylotests pourraient être au total écoulés cette année et 20 à 30 millions au cours des années à venir. Bien sûr, une telle explosion de la demande provoque rupture des stocks et hausse des prix. « On n’en a plus. On les a commandés mais on ne sait pas quand ils arriveront. Et ces dernières semaines, les prix sont passés de 1,50 à 2,90 euros pièce » peste un pharmacien parisien rencontré par l’AFP.
Doutes sur les vertus de l’autocontrôle
Satisfaisant les uns et contrariant les autres, la présence obligatoire d’un éthylotest à bord aura-t-elle seulement un effet sur la consommation d’alcool chez les conducteurs ? Les associations de prévention n’en sont guère convaincues, qualifiant le dispositif de « mesurette ». Elles n’ont guère foi dans les vertus de l’autocontrôle et doutent même que les éthylotests soient toujours utilisés. Du côté de la Sécurité routière, le système est cependant chèrement défendu. On souligne en effet que l’autocontrôle est une tendance majeure de la lutte contre l’alcool au volant dans l’Europe entière. Par ailleurs, on rappelle que la lutte contre ce phénomène est une priorité (ce que ne remettent nullement en cause les associations). L’alcool est de fait toujours la première cause de mortalité sur les routes. Il était ainsi à l’origine de 30,8 % des accidents mortels en 2010 (un taux qui grimpe jusqu’à 58,7 % la nuit et le week-end). Ce n’est pourtant pas une fatalité. En Grande-Bretagne, ce taux est de 18 %.