Alerte rouge pour le coeur des femmes
Mardi 08 Mars 2011
A l'occasion de la journée mondiale de la femme, la Société européenne de cardiologie (ESC) lance un appel pour réduire les disparités d'accès aux traitements des maladies cardiovasculaires. Les études publiées dans le European Heart Journal témoignent d'un moins bon suivi des recommandations de bonnes pratiques pour les femmes.
"La Société européenne de cardiologie veut sensibiliser, tant les cardiologues que le grand public, sur le fait que les femmes ne bénéficient toujours pas d'une égalité d'accès aux traitements médicaux et restent insuffisamment représentées dans les essais cliniques" déclare Marco Stramba Badiale, porte-parole du CES sur les questions relatives aux femmes. Alors que les conséquences des maladies cardiovasculaires chez les femmes sont pires, il subsiste encore des idées fausses chez les professionnels de santé et le grand public, qui pensent que ces pathologies sont moins graves pour les femmes.
Le coeur fragile des femmes
Les données de l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) montrent pourtant que les maladies cardiovasculaires en Europe représente 55 % des décès chez les femmes comparativement à seulement 43 % des décès chez les hommes. En comparaison, le cancer du sein est responsable de 3 % des décès féminins. En outre, des données récentes de la National Health and Nutrition Examination Surveys (NHANES) montre que durant les deux dernières décennies le nombre de cas d'infarctus du myocarde a augmenté chez les femmes de 35 à 54 ans, alors qu'il déclinait chez les hommes du même âge.
Des femmes systématiquement moins bien soignées et diagnostiquées
Les études publiées dans le numéro thématique de l'EHJ montre que les femmes se voient prescrire beaucoup moins de médicaments que les hommes. "Nous avons été choqués de constater que même après un infarctus - la situation la plus dramatique cardiaque nous envisageons - il y a encore un dramatique sous-utilisation des médicaments chez les femmes", explique le professeur Thomas F. Lüscher de l'Hôpital Universitaire de Zurich (Suisse). "Ces questions doivent être corrigée d'urgence afin d'assurer aux femmes une égalité d'accès aux meilleurs traitements des maladies cardiovasculaires".
Dans la version imprimée du journal, Noel Bairey Merz de Cedar-Sinai Heart Institute (Californie) souligne que la dysfonction microvasculaire coronarienne touche les femmes beaucoup plus fréquemment que les hommes. Cette condition se caractérise par l'impossibilité de l'artère de se dilater cause un rétrécissement et donc un flux d'oxygène insuffisant. Selon lui, cette prédominance féminine pourrait expliquer pourquoi il est plus difficile d'établir un diagnostic chez les femmes. "Nous estimons que la dysfonction microvasculaire coronarienne compte pour un tiers à la moitié des maladies cardiaques chez les femmes, mais à la différence des cardiopathies coronariennes obstructives ne sont pas décelées par une angiographie, ce qui rend plus difficile le diagnostic", explique Hans-Rudolf Merz.
Inclure plus de femmes dans les essais cliniques
Par ailleurs, la société européenne de cardiologie plaide pour l'inclusion d'un plus grand nombre de femmes dans les essais cliniques pour les maladies cardiovasculaires. Elle demande à l'Agence européenne des médicaments (EMA) de considérer la représentation équitable des femmes dans les essais cliniques comme une exigence pour l'octroi des autorisations de mise sur le marché.
"Il est très important que les données concernant les femmes soient analysées séparément car il y a souvent des différences dans la pharmacodynamique, la pharmacocinétique et la physiologie par rapport aux hommes. Ce qui rend possible des différences importantes d'efficacité des médicaments chez les femmes" dit-Stramba Badiale.
Luc Blanchot
Source :
Communiqué de la société européenne de cardiologie - 7 mars 2011