Objectif atteint. Entré en vigueur en mai dernier, l'accord signé entre l'Assurance-maladie et les syndicats de pharmaciens a fait remonter en flèche les ventes de médicaments génériques dans les officines. Au 26 décembre 2012 - ce sont les derniers chiffres disponibles -, les 22.000 pharmacies avaient distribué des génériques à la place des médicaments de marque dans 83,9 % des cas, en moyenne, lorsque c'était possible. L'objectif de 85 % a donc très probablement été atteint, à peu de chose près, au 31 décembre. La progression a été spectaculaire puisque le taux de substitution n'était que de 71 % huit mois plus tôt. Ce rebond permettra une économie de 200 millions d'euros en année pleine pour la Sécurité sociale.
Il est le résultat d'une contrainte renforcée pour les malades, avec l'entrée en vigueur du principe du « tiers payant contre génériques ». Depuis le printemps dernier, les patients qui refusent qu'un pharmacien leur délivre une version générique d'un médicament doivent faire l'avance des frais, avant de se faire rembourser ensuite par l'Assurance-maladie. L'effet dissuasif a été déterminant.
« Climat délétère »
« Les départements qui étaient à la traîne ont rattrapé une grande partie de leur retard », se félicite Philippe Gaertner, président du syndicat de pharmaciens FSPF. Le taux de substitution a ainsi grimpé de 20 points à Paris, dans les Hauts-de-Seine, les Bouches-du-Rhône et les Alpes-Maritimes. La palme revient à la Loire-Atlantique, où le taux dépasse désormais 90 %. En queue de classement, on trouve la Corse-du-Sud (75,6 %). « Le combat n'était pas gagné d'avance car il règne un climat délétère particulièrement défavorable aux génériques », souligne Gilles Bonnefond, secrétaire général du syndicat Uspo. Largement relayés par les médias, « des leaders d'opinion mettent en cause régulièrement l'efficacité et la qualité des médicaments génériques et installent durablement dans l'opinion un sentiment de suspicion », observait le mois dernier dans un rapport l'Inspection générale des affaires sociales. Au point que les autorités sanitaires ont jugé bon de diffuser une mise au point (lire ci-contre). Déjà à la traîne par rapport aux autres pays européens, le développement du médicament générique s'était sérieusement essoufflé en France ces derniers temps. Le taux de substitution, qui avait dépassé 80 % en 2008, avait ensuite chuté de plus de 10 points. En 2011, le marché avait même reculé de 3 %.
Vincent Collen
« Lever l’opacité »
L'Agence de sécurité du médicament a diffusé le mois dernier un « questions-réponses » pour lutter contre la « réticence vis-à-vis des médicaments génériques, qui est loin d'être aussi forte dans d'autres pays ». Les études de bioéquivalence « permettent de s'assurer que le devenir du principe actif dans l'organisme » est le même pour le médicament de marque que pour les versions génériques, rappelle l'Agence. Elle s'attarde ensuite sur les conditions de production des génériques, dont les principes actifs sont largement fabriqués en dehors d'Europe, notamment en Chine et en Inde. Elle souligne que c'est aussi le cas pour les médicaments de marque. Au cours des cinq dernières années, plus de 800 génériques et 200 produits de marque ont été contrôlés. Le taux de non-conformité est très proche : 3,2 % pour les génériques, 2 % pour les médicaments sous brevet. Et les publications scientifiques « confirment l'absence de différence en termes de résultats cliniques et d'effets secondaires », entre les deux catégories.