Par Catherine Ducruet | 05/02 | 07:00 Les Echos
Depuis le 31 décembre dernier, la vente en ligne de médicaments sans ordonnance est possible en France.
Vendre des médicaments sans prescription, moins cher qu'en officine, ce n'est pas seulement la préoccupation de Michel-Edouard Leclerc, mais aussi celle de tous ceux qui militent pour la vente en ligne. Et c'est possible depuis la publication le 31 décembre dernier du décret d'application de l'ordonnance du 19 décembre qui transposait les dispositions européennes.
Un peu plus d'un mois plus tard, un certain désordre règne dans le paysage de la vente en ligne. Excepté les deux officines qui avaient devancé l'appel, celle de la Grâce de Dieu à Caen avec et celle de la pharmacie du Bizet à Villeneuve-d'Ascq avec LaSante.net, « la création de nouveaux sites n'est en principe pas autorisée avant le mois d'avril afin de laisser aux agences régionales de santé et au Conseil de l'Ordre chargés de les homologuer le temps de s'organiser », rappelle Cyril Tétard, responsable de LaSante.net.
Or de nombreux sites ont fleuri depuis le début de l'année, sans la moindre autorisation. Toujours selon les textes, seuls les pharmaciens disposant d'une officine sont autorisés à vendre en ligne. Mais certaines places de marché, comme PriceMinister, par exemple, proposent certains produits neufs, voire d'occasion. Et même les nouveaux sites issus d'authentiques officines ne respectent pas forcément la loi, délivrant des quantités supérieures à celles autorisées en officine, ou proposant des produits qui ne sont pas autorisés à la vente en ligne. Et tout cela, pour l'instant, en toute impunité.
Infractions
Ces infractions ne sont d'ailleurs pas toujours délibérées car les textes ne brillent pas par leur simplicité. La France est le seul pays européen à limiter le commerce en ligne aux seuls médicaments en accès direct (situés devant le comptoir) et non à l'ensemble des produits sans prescription. Avec de surcroît des critères incompréhensibles, ce qui a incité la pharmacie de la Grâce de Dieu à saisir le conseil d'Etat. Selon leur arôme, les pastilles Drill peuvent ainsi être ou non vendues en ligne.
Tout cela apporte, bien sûr, de l'eau au moulin du Conseil de l'Ordre, qui freine des quatre fers. L'évolution vers la vente en ligne semble pourtant inéluctable sous la pression de la législation européenne.
À noter
Le ministère de la Santé devrait lancer, à la fin du mois, une campagne sur le thème : « Vous pouvez acheter des médicaments sur Internet, mais pas à n'importe qui ».