Par Vincent Collen | 15/02 | 16:02 | mis à jour à 18:57 | LES Echos
Les baisses de prix massives ont produit leurs effets. Les génériques ont rebondi, de même que le paracétamol (+17 %).
AFP
C'est du jamais-vu depuis 2008, l'année de l'instauration des franchises sur les boîtes de médicaments. En 2012, les remboursements de médicaments par la Sécurité sociale ont reculé de 0,9 %, selon les chiffres que la Caisse nationale d'assurance-maladie (CNAM) vient de présenter à son conseil.
Le recul enregistré l'an dernier est avant tout le résultat d'une baisse des prix massives décidée par le gouvernement Fillon. Elle a représenté une économie proche de 1 milliard d'euros pour les finances publiques. C'est aussi la conséquence d' une forte progression des génériques . Au printemps 2012, les syndicats de pharmaciens se sont engagés à substituer plus systématiquement des génériques aux médicaments de marque lorsque c'était possible. Et les patients ont été fortement incités à les accepter : ils doivent désormais faire l'avance des frais lorsqu'ils refusent une « copie » meilleur marché.
Progressions spectaculaires dans des départements « en retard »
Les effets ont été fulgurants. Alors que le marché des génériques stagnait depuis plusieurs mois, il est remonté en flèche au second semestre. Le taux de substitution est passé de 71 % début mai à près de 84 % fin décembre. Des progressions spectaculaires ont été enregistrées dans des départements qui étaient « en retard » sur les génériques. Dans les Hauts-de-Seine, à Paris, dans les Alpes-Maritimes ou les Bouches-du-Rhône, le taux a bondi de 20 points en moins de huit mois.
Des versions génériques 60 % moins cher
En 2012, plusieurs médicaments très couramment prescrits ont perdu la protection de leur brevet, comme le Tahor, l'anticholestérol commercialisé par l'américain Pfizer, ouvrant la voie à des versions génériques vendues 60 % moins cher. Les remboursements des médicaments contre le cholestérol ont reculé de près de 100 millions d'euros. Les traitements de l'hypertension ou les antiulcéreux ont connu le même sort. Cette tendance a été accentuée par les médecins prescripteurs, qui sont désormais incités financièrement à prescrire des molécules pour lesquelles il existe une version générique.
D'autres classes thérapeutiques sont au contraire restées très dynamiques. Il s'agit surtout de médicaments prescrits par les médecins spécialistes, à l'hôpital notamment : nouveaux traitements de l'hépatite C, de la polyarthrite, du diabète, du sida ou encore des cancers et de la dégénérescence maculaire. Plus étonnant, les ventes du bon vieux paracétamol (Doliprane et génériques) sont elles aussi en forte hausse : +17 % en 2012 !