Mieux rémunérer les pharmaciens sans dépenser plus : est-ce vraiment possible ?
Publié le 08/02/2012
Paris, le mercredi 8 février 2012 – Défendant depuis plusieurs années la nécessité de diversifier les sources de revenus des pharmaciens afin qu’ils ne soient pas uniquement soumis aux prix et aux volumes de vente de médicaments, les syndicats de pharmaciens ont remporté une belle victoire en 2011. La loi de financement de la sécurité sociale (LFSS) pour 2012 a en effet entériné le principe d’une rémunération à l’acte des officinaux.
La seconde partie qui s’est ouverte hier pourrait cependant se révéler plus difficile. Des négociations viennent en effet de débuter avec l’Assurance maladie afin de préciser les conditions techniques et concrètes de ces nouveaux modes de rémunération. Deux systèmes pourraient être mis en place : un honoraire de dispensation et la création de missions spécifiques pour les pharmaciens d’officine qui pourraient donner lieu à une rémunération en fonction de l’atteinte d’objectifs préfixés. Ces deux dispositifs permettraient de répondre aux attentes d’un grand nombre de professionnels. La rétribution de nouvelles missions « favorisera les pharmacies recevant beaucoup de personnes âgées, par exemple dans les zones rurales » tandis que le paiement à l’ordonnance sera très bénéfique pour les « officines où il y a beaucoup de passage » analyse Philippe Gaertner, président de la Fédération des syndicats de pharmaciens de France (FSPF), cité par les Echos.
« Cinquante jours pour réussir »
Si tous semblent plutôt s’entendre sur la méthode et si l’établissement de la liste des « missions » dévolues aux pharmaciens pourrait finalement ne fâcher que les médecins, le nerf de la guerre demeurera le financement de ces nouveaux modes de rémunération. Crise et période électorale obligent, le gouvernement refuse que cette évolution n’entraîne de nouvelles dépenses pour l’état et pour les assurés. Une condition qu’il ne serait pas impossible de remplir : le « financement pourrait résulter d’un transfert d’une partie de la marge réglementaire » suggère l’Assurance maladie dans un document d’orientation soumis à son conseil à la fin du mois de janvier. En pratique, la marge sur le prix des médicaments touchée par les pharmaciens pourrait être réduite. Une idée qui pourrait ne pas totalement satisfaire les intéressés ! D’abord parce que la mise en place de nouveaux modes de rémunération est en grande partie destinée à compenser les pertes liées à la diminution de la marge des pharmacies qui devrait reculer de 3 à 4 % en 2012 de l’aveu même de l’Assurance maladie. Aussi, une nouvelle baisse de cette marge aurait sans doute pour conséquence d’annuler les effets de la création de nouvelles rémunérations. Par ailleurs, les pharmaciens estiment qu’à l’instar de ce qui a été fait pour les médecins et les infirmiers ces derniers mois, le gouvernement ne peut faire l’économie d’un geste envers eux. « On a besoin d’une enveloppe de 200 millions d’euros. Le gouvernement a bien dégagé des moyens pour les infirmiers et les médecins, il n’y a pas de raison qu’il n’en trouve pas pour nous », calcule Gilles Bonnefond, secrétaire général de l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO). Sans doute la période pré-électorale actuelle pourrait se révéler propice aux largesses de l’Assurance maladie. Le président de la FSPF ne s’y est d’ailleurs pas trompé, indiquant hier à l’issue de la première séance de négociations : « Nous avons cinquante jours pour réussir ».