Officine : le modèle allemand n’est pas une bonne drogue
Publié le 09/02/2012
Paris, le jeudi 9 février 2012 – Si en France et dans quelques autres pays européens, la vente de médicaments est strictement encadrée et uniquement réservée aux seules pharmacies, des législations beaucoup plus souples prévalent dans la majorité des autres états et notamment en Allemagne. Une libéralisation qui n’est cependant pas sans susciter des remous et des interrogations.
Pick up : une technique qui pique les pharmaciens au vif
Ainsi, nos voisins d’Outre-Rhin ont été initiés il y a quelques années à la pratique du « pick up ». Il s’agit pour les « drogueries » qui s’y adonnent de proposer des médicaments venus d’autres pays d’Europe et parfois meilleurs marchés. Ainsi, le très célèbre groupe de drogueries Schlecker (qui officiait depuis 1967) a-t-il créé en 2005 une pharmacie en ligne, dont le siège était installé au Pays Bas. En pratique, les patients déposent leurs ordonnances dans leur droguerie préférée et reçoivent quelques jours plus tard leurs produits, souvent à meilleur marché. Cette technique dite du « pick up » n’a pas longtemps eu bonne presse chez les pharmaciens qui étaient parvenus à la faire interdire en 2006. Néanmoins quatre ans plus tard, les arguments des droguistes finirent par convaincre la justice qui concéda que cette technique ne présentait pas de danger imminent pour la santé publique.
Droguerie : mauvaise came
Ce retour en grâce de la technique du pick-up ne suffit cependant pas à permettre à l’entreprise Schlecker de faire face aux difficultés économiques. La faillite de ce monument historique de la droguerie allemande a été récemment annoncée. Une situation qui a attisé de nouveau les commentaires sur les dangers de la prolifération des drogueries en général et sur la technique du pick up en particulier. « Si des chaînes de droguerie remplacent petit à petit les pharmacies de quartier, mais disparaissent soudain du jour au lendemain, ce n’est pas dramatique pour les acheteurs de dentifrice et de savon, mais ça l’est beaucoup plus pour les patients qui y déposent (…) leurs ordonnances » a remarqué, cité par le Quotidien du pharmacien, le président du syndicat des pharmaciens allemands, Fritz Becker. A ces yeux, ajoute-t-il encore « cette faillite démontre le risque qu’il y aurait à démanteler les pharmacies traditionnelles au nom de la seule politique des prix », avant de conclure cette mise en garde par un nouvel appel à l’interdiction de la pratique des pick up.
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