L’interview du mois : Benoît Bouche
Pharma : Au sein d’une profession de plus en plus « communicante », Galien est assez discret sur ses projets. Pourquoi ?
Benoît Bouche : Dès la création de la société, en octobre 2008, nous avons voulu, malgré un niveau d’ambition élevé, faire profil bas. Communiquer sur nos convictions quant à la nécessaire mutation de la filière ne nous a pas semblé pertinent alors que cette nécessité, dans le contexte économique que l’on connaît, est une évidence pour tous. C’est plus à mon sens dans la mise en œuvre de la stratégie que nous serons en mesure d’agir. Aujourd’hui, avec vingt pharmacies référentes et des initiatives abouties, ce n’est plus d’idées dont nous pouvons parler mais de réalisations concrètes et de succès avérés.
Pharma : On a peine à vous situer dans le paysage. Groupement, réseau de pharmacies, pépinières d’officines… comment définiriez-vous votre projet ?
B. B. : Nous avons beaucoup de respect pour le travail mené par les groupements et l’influence qu’ils ont pu avoir. Mais notre modèle économique et nos priorités stratégiques diffèrent. Ainsi, nos intérêts financiers sont les mêmes que ceux des titulaires d’une pharmacie référente Galien. Au sein d’un groupement, le titulaire a établi une relation commerciale avec une entité dont l’objet est de faire des profits sur la base de cette relation commerciale. Galien Développement et le pharmacien référent souscrivent à un même produit financier dans le cadre d’une reprise. Notre intérêt commun ? Que la pharmacie connaisse l’évolution la plus favorable possible pour que la valeur de ce produit augmente.
Côté stratégie, notre souhait est de nous attaquer en premier lieu aux sujets les moins bien appréhendés par un pharmacien au sortir de la faculté : la gestion d’une équipe, d’un projet ou d’un compte d’exploitation. Alors qu’un groupement va privilégier les achats, domaine le plus rémunérateur pour lui à court terme, nous nous engageons sur un projet entrepreneurial pérenne. Nous déclinons notre mission autour de trois pôles : sécuriser les projets de reprise, éliminer les tâches de back-office sur le point de vente et favoriser les initiatives transversales visant à renforcer la valeur ajoutée de santé publique du pharmacien.
Pharma : Pouvez-vous nous en dire plus sur cette stratégie en trois axes ?
B. B. : Accroître les chances de succès de projets de reprise, c’est monter un financement de la reprise suffisamment confortable pour que le titulaire ne soit pas obnubilé par sa trésorerie et par le risque de ne pouvoir honorer ses échéances. C’est aussi l’accompagner dans la mise en place d’outils de pilotage de son officine et l’aider à endosser son costume de chef d’entreprise. Notre équipe a vocation à le conseiller et, in fine, à accroître ses chances de réussite.
Aujourd’hui, le titulaire est cannibalisé par le tiers-payant, la comptabilité, les achats ou le merchandising. Des tâches qui concentrent toute son attention au détriment du conseil et qui, comparées au front-office, ont une faible valeur ajoutée. Galien centralise les tâches de back-office pour permettre au titulaire de se consacrer à son rôle d’homme de santé.
Enfin, le dernier point auquel nous attachons une attention particulière concerne le repositionnement de la pharmacie d’officine comme porte d’entrée des systèmes de soins en ville. Pour atteindre cet objectif, nous développons des initiatives transversales, que nous testons dans une ou plusieurs officines avant de les généraliser. Nous avons commencé dans le domaine de l’amélioration de l’observance via la préparation des doses à administrer (PDA) et dans le suivi des patients atteints de cancer en ville. Nous souhaitons que les officines du réseau soient des précurseurs dans la mise en application de la loi HPST.
Pharma : Partenariat, adhésion, association… quel est le type de contrat avec vos pharmaciens ?
B. B. : Dans l’esprit, notre relation est la même que celle qui s’installe dans le cadre d’une association entre deux personnes physiques. Dans le domaine de la pharmacie, nous avons tendance à penser que la multidisciplinarité est un levier important de la réussite. Les interlocuteurs du pharmacien référent Galien sont multiples et spécialisés en merchandising, en comptabilité et en finance, en droit… Ces personnes travaillent pour le bien de la santé économique de l’officine dont le titulaire est le patron, comme s’ils étaient associés avec lui. Nous ne sommes pas ses prestataires, il n’est pas notre client ; nous avons des intérêts communs et des engagements.
Pharma : Parlez-nous enfin de votre positionnement. Le fait de se développer uniquement en région Paca vous permet-il d’être plus innovant et proactif ?
B. B. : Nous pensons que la proximité géographique est une condition sine qua non au déploiement efficace de nos initiatives. En plus de ne pas être éloignées les unes des autres, les officines du réseau sont assez homogènes en termes d’implantation, de surface commerciale et de chiffre d’affaires. Ce qui nous donne beaucoup plus de possibilités pour déployer des actions identitaires. Comment pouvez-vous être pertinent dans vos recommandations si celles-ci s’adressent à la fois à une petite officine en zone rurale dans le Nord de la France et à une grosse affaire en centre commercial dans le Sud ? Les officines du réseau sont toutes des officines importantes de centre-ville situées dans le quart sud-est de la France. Nous nous efforçons de développer la prise en charge du premier recours, le conseil multidisciplinaire et, plus globalement, les activités que la GMS ne pourra jamais déployer. Notre concentration géographique nous aidera aussi à être bien plus efficace à court terme dans le déploiement d’un modèle dit de « cross-canal ». Ce modèle permettra à notre patientèle de se renseigner ou de passer une précommande sur notre site
www.monguidesante.com et de venir la chercher dans une officine du réseau.
Olivier Valcke