Je met un copier collé d'un extrait significatif posté par un internaute :
Une profession à plaindre ?
Les officines affichent une belle santé. Mais les finances de la Sécu et des malades coutumiers de l'automédication souffrent. Explications et démontage d'un système coûteux.
Quels sont les professionnels de santé les mieux payés ? Les généralistes ? Les spécialistes ? Perdu. Avec 102 000 euros de revenu annuel net moyen, ce sont les pharmaciens. A cela il faut ajouter le pactole touché lors de la revente de leur enseigne (1 million d'euros en moyenne), avec des prix de cession qui progressent bon an mal an de 6,9 % depuis 1999. Tant mieux pour eux, direz-vous. La plupart des Français ont une officine près de chez eux, les gardes garantissent l'accès aux médicaments à toute heure, auprès de professionnels à même d'en expliquer l'usage. Quelle importance si les pharmaciens en tirent un large bénéfice, puisque le service est de qualité ? Ce serait oublier que notre système de distribution du médicament « engendre des coûts significatifs » pour la Sécu, comme l'a rappelé un rapport du Haut Conseil pour l'avenir de l'assurance-maladie sorti discrètement cet été. La rémunération des officines représente en effet 26,5 % du prix des médicaments remboursables, contre 22 % en moyenne en Europe.
Avec 23 207 points de vente, la France est le pays européen le mieux doté en croix vertes. Chacune dessert 2 500 habitants en moyenne, contre 3 300 ailleurs. Cette densité se paie au prix fort : « Plus elles sont nombreuses, plus leur chiffre d'affaires moyen est faible. Et plus leur taux de marge, fixé par l'Etat, doit être élevé pour qu'elles couvrent leurs coûts fixes », explique le consultant Jean-Michel Peny, spécialiste du secteur. Les pharmaciens ne seraient pas contre une réduction du réseau. Mais seulement là où l'on compte une officine pour moins de 2 000 habitants, comme à Paris. « La concurrence y est trop forte, certains ne s'en sortent plus », souligne Jean-Pierre Lamothe, vice-président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF). « Il faudrait des aides fiscales pour faciliter les regroupements, mais Bercy s'y oppose », regrette Jean Parrot, le président de l'ordre des pharmaciens. Reste que les blouses blanches refusent d'aller au-delà du seuil de 3 000 habitants par pharmacie : ce serait, selon eux, dangereux pour la santé publique.
Autre facteur de surcoût : le mode de rémunération des pharmaciens (le taux de marge sur les produits). Quand les prix et la consommation de médicaments augmentent, comme ces dernières années, leur marge brute s'envole (5,5 milliards d'euros en 2005, contre 4,2 milliards en 1996). Les Pays-Bas, la Suisse et l'Allemagne ont jugé ce système trop inflationniste : leurs pharmaciens touchent désormais un forfait par ligne d'ordonnance ou par boîte de médicaments. Une réforme que leurs homologues français refusent, au motif que leurs coûts seraient proportionnels aux prix des remèdes. Faux, rétorque le Haut Conseil : « Il n'y a guère que le coût de gestion des stocks qui évolue, et, des stocks, les officines en ont peu. »
Certes, les mesures prises par le gouvernement pour freiner les dépenses de médicaments (déremboursements, accords avec les médecins pour maîtriser les prescriptions, baisses de prix...) n'ont pas épargné les pharmaciens. Sur les sept premiers mois de l'année, leurs marges brutes sur les produits remboursés ont reculé de 3,4 % par rapport à la même période l'an passé. « Pour autant, ils ne sont pas descendus dans la rue : ils savent que ces mesures, notamment les baisses de prix, sont conjoncturelles », souligne un expert.
La manne des médicaments non remboursables
Et ils ont échappé au pire : fin 2005, Xavier Bertrand avait décidé de rembourser les médicaments de marque sur la base du prix de leurs copies. Sous la pression des professionnels, qui y voyaient un risque de baisse des ventes de génériques, le ministre y a renoncé. Pour les inciter à en vendre, le gouvernement leur avait en effet octroyé des marges plus élevées, tandis que les laboratoires leur versaient des « remises arrière » (360 millions d'euros en 2005). Officiellement plafonnées à 20 % du prix des boîtes depuis le 1er janvier, ces dernières resteraient d'ailleurs plus importantes : « 37 %, contre 60 % auparavant », affirme, sous le sceau de l'anonymat, une pharmacienne.
A l'avenir, les comptes des officines pourraient en outre être dopés par les médicaments non remboursables (Humex, Alka-Seltzer...), dont le gouvernement veut encourager la consommation - une mission ad hoc doit remettre des propositions en ce sens à l'automne. En berne depuis des années, les ventes de ces produits représentent à peine 7 % de l'activité des pharmaciens. Mais au fil des déremboursements, la tendance s'inverse : en 2006, le chiffre d'affaires de l'automédication a crû de 5 % d'après l'Afipa, l'association des laboratoires fabriquant ces produits. Les consommateurs devront rester vigilants : les prix de ces remèdes sont libres et varient selon les endroits (de 2 à 3,50 euros pour du Nurofen, par exemple). « Certaines grandes officines achètent en gros aux laboratoires et obtiennent des remises. Les autres passent par des répartiteurs, au tarif normal », explique Danièle Paoli, pharmacienne à Nice et membre de la FSPF. On pourrait donc imaginer que les pharmaciens qui se regroupent pour avoir des ristournes affichent des prix similaires. Erreur : « L'écart peut atteindre 30 % », confirme Pascal Louis, le président du groupement Giphar. De fait, tous ne rétrocèdent pas leurs remises aux clients, comme en témoigne la patronne d'une grosse officine : « Mes prix sont identiques quel que soit le mode d'approvisionnement. Si un labo me fait 50 % de rabais, je garde la différence. »
Pour l'instant, aucune réforme en profondeur du réseau n'est toutefois en vue. Mais une idée fait son chemin : « Confier de nouvelles tâches aux officines, à défaut d'en baisser le coût », résume l'économiste de la santé Gérard Viens. C'est le sens de la convention signée début 2006 entre la Sécu et les pharmaciens : à terme, ils s'assureront par exemple que les médicaments ne sont pas remboursés à 100 % si les malades n'y ont pas droit. Certains imaginent aussi de plus les impliquer dans le conseil aux assurés ou dans la prévention. L'ordre s'y prépare, avec le lancement en 2007 d'un dossier pharmaceutique en complément du dossier médical personnel. D'autres, comme Pascal Louis ou Gilles Bonnefond, de l'Union des syndicats de pharmaciens d'officine, aimeraient obtenir le droit de prescrire des médicaments. Mais, pour ces services, ils réclament déjà... une nouvelle rémunération.
ne comprenez vous pas que c'est pour notre bien?