Nouvelle polémique au sujet des " salles de shoot "

Bientôt des « salles de shoot » à Paris et à Marseille ?


Paris, le jeudi 30 août 2012 – Difficile d’oublier la polémique qui sévit en 2010 autour des salles d’injection à moindre risque, plus sommairement appelées « salles de shoot » . Celles-ci permettent aux toxicomanes de s’injecter leurs propres drogues dans des espaces sécurisées et avec l’assurance d’un accès à un matériel stérile. Le débat avait en effet révélé la position pour le moins fragile du ministre de la Santé de l’époque, Roselyne Bachelot, au sein de son propre gouvernement. « L’affaire » avait débuté avec la remise au ministre d’un rapport de l’INSERM concernant la réduction des risques chez les usagers de drogue. Les experts revenaient notamment longuement sur les dispositifs existant (parfois sous forme d’expérimentation) dans huit pays. Ils se montraient particulièrement intéressés par les résultats encourageants de ces Centres d’injection supervisée (CIS). Notant que ces programmes ne paraissaient avoir aucune incidence sur le niveau de consommation (en plus ou en moins), ils relevaient en outre que « les études font état d’une diminution rapportée de l’injection en public, ainsi que d’une diminution du matériel d’injection et des déchets abandonnés dans l’espace public ». Par ailleurs, d’un point de vue médical, ils confirmaient que ces CIS permettent « clairement une diminution des abcès et autres maladies liées à l’injection, une diminution des comportements à risque de transmission du VIH/VHC (partage de matériel usagé ou de matériel servant à la préparation de l’injection) chez les usagers, avec une probable influence plus large sur la communauté des usagers (…). Les CIS ont fait leurs preuves sur la réduction de la morbidité et de la mortalité associées aux overdoses. Ils permettent une intervention rapide et efficace » concluaient enfin les experts de l’INSERM. Forte de ces constatations, le ministre de la Santé s’était montré très ouvert aux recommandations de l’INSERM visant à expérimenter ce type de dispositif en France.

Christian Estrosi, défenseur improbable des salles de shoot
Mais très vite, la réprimande du Premier ministre François Fillon avait fusé, qui avait sévèrement désavoué la position de son ministre. « La priorité du gouvernement est de réduire la consommation des drogues en France, non de l'accompagner voire de l'organiser (…). La mise en place de ces centres de consommation de drogue n'est ni utile ni souhaitable », écrivait-il. Pourtant, depuis, d’autres voix au sein de l’UMP ont rejoint la position de Roselyne Bachelot : le maire de Marseille, Jean-Claude Gaudin et plus surprenant encore le maire de Nice, Christian Estrosi. A l’heure de la fermeture cet été d’un des deux espaces d’accueil des usagers de drogue de sa ville, principalement pour des raisons de sécurité, le maire a en effet indiqué que le prochain centre devrait compter « un espace de consommation ». Il juge en effet bien préférable « que cela se passe dans une salle où la consommation est encadrée plutôt que dans les rues de Nice avec tous les dangers que cela implique pour la population et les toxicomanes » a-t-il déclaré début août, non sans surprendre ceux qui connaissent les positions habituelles de ce proche de Nicolas Sarkozy.

Augmentation supposée de la consommation d’héroïne à Paris
Les vœux de certains représentants de l’UMP seront-ils exaucés par la gauche ? Plusieurs signaux permettent de le croire. Pendant la campagne déjà, François Hollande, avec la prudence qui le caractérise cependant, s’était montré à son tour ouvert à ces expérimentations. Quelques mois plus tard, fraîchement nommée ministre de la Santé, Marisol Touraine qualifiait les CIS d’initiatives « utiles et intéressantes ». Sur les ondes d’Europe 1, on nous révélait enfin ce matin que dans l’ombre, une délégation du ministre de la Santé (encore une !) travaillerait sur ce sujet depuis début août et que Paris et Marseille seraient prêtes à ouvrir très prochainement leurs premiers CIS. Des éléments plutôt encourageants pour les partisans de ces expérimentations mais peut-être trop discrets à leurs yeux. Le député de Paris, Jean-Marie Le Guen (PS) a en effet semblé estimer qu’une piqûre de rappel s’imposait. Dans une interview accordée au Parisien, il s’exprimait ainsi hier longuement sur le sujet. « Il est vraiment temps que le gouvernement donne son feu vert, en développant une politique plus ambitieuse de réduction des risques», martèle-t-il. Pourquoi une telle urgence ? «La consommation d’héroïne augmente à Paris. Le nombre de seringues utilisées dans les distributeurs automatiques progresse de 7 % au premier semestre 2012 par rapport à la même époque en 2011 et les personnels des associations trouvent davantage de seringues dans les rues», énumère Jean-Marie Le Guen qui constate : « C’est préoccupant ». Bien sûr, ces déclarations n’ont pas tardé à mettre le feu aux poudres (révélant que la discrétion adoptée jusqu’alors par le gouvernement n’était peut-être pas finalement une si mauvaise stratégie). Plusieurs élus UMP sont en effet montés au créneau pour dénoncer une idée jugée dangereuse et contre-productive.

L’Académie de médecine très hostile
EN adoptant une telle position, l’UMP pourrait cependant aller à contre courant de l’opinion publique et de la position d’un grand nombre d’experts.

Un sondage réalisé au moment de la polémique de 2010 par l’IFOP pour la Lettre de l’opinion avait en effet révélé que 53 % des Français étaient alors favorables à l’instauration de salles d’injection à moindre risque. Par ailleurs, de nombreux spécialistes des addictions se sont à plusieurs reprises déclarés en faveur de ces expérimentations. Néanmoins, d’autres professionnels ont clairement marqué leur opposition, telle l’Académie de médecine.

Bouuuuu làlà, tu t'es levé du mauvais pied ce matin on dirait (comme ma femme d'ailleurs ).

Tu as raison sur tout, c'est ok, je retire ce que j'ai dit (cf edit du post).

Bonjour,

Je ne vois rien d'iconoclaste dans ses idées, puisqu'en fait, d'idée, il n'y en a pas. Le sujet n'est pas de lui, l'argumentaire est inexistant, la seule consistance que je trouve dans son discours, c'est le message indiquant qu'il est encore en vie.

Pour le reste, je ne prends rien au pied de la lettre, mais il serait temps que de nouvelles idées traversent ce champ de bataille. La guerre de position, c'est bien joli, mais les dégâts continuent à s'accumuler : un de mes clients est mort lundi soir d'une overdose, ce matin le radio-réveil démarre en annonçant le 14ème décès à Marseille dans le milieu des trafiquants, l'économie souterraine liée à cette activité empoisonne le système bancaire (Le Monde.fr)...

Les idées déconnantes peuvent parfois conduire à une réflexion apaisée quand on accepte de reprendre le sujet depuis le début en se débarrassant de ses a priori.

Je me suis mal expliqué, puisque ce que tu retiens ne correspond pas à mon sentiment. Simplement, il a fallu des centaines de milliers de morts à Verdun pour que les généraux acceptent l'idée qu'il devait y avoir une autre façon de conduire la guerre quelque soit le critère que l'on se donne pour quantifier son succès : les pertes chez l'ennemi ou chez soi, le temps nécessaire pour y arriver, le terrain gagné...

Plus rien ne bouge dans le domaine, l'enlisement guette... alors, pourquoi ne pas prêter l'oreille à des idées déconnantes si elles pouvaient en faire germer des plus sérieuses.

Rémi

Rémi,

Sur le fond, je veux bien que l'on se pose la question d'un solution équilibrée entre le tout répressif et le tout permissif sur le sujet des drogues.

Sur la forme, ce député de la 9eme circonscription de paris, élu dans le 13ème arrondissement ( ) n'a plus beaucoup (du tout ?) d'influence sur le landerneau parisien. Il faut bien qu'il puisse se faire remarquer avec des idées disons... iconoclastes. De là à les prendre au pied de la lettre...

[EDIT du 30/08/12 : devant la levée de boucliers de remi, je retire ce que j'ai dit => texte barré. Cet homme est charmant, il est 09:26 et tout va bien ! lol]

Bonjour,

cepe a écrit:

... au frais des contribuables ...

Justification classique de ceux qui sont en panne d'argumentation et ne savent pas comment passer de l'émotionnel au raisonné. Cela procède d'un mécanisme profond de refus de dialogue, en plantant son drapeau juste une case avant le point Godwin.

Il est de la mission de l'Etat d'utiliser l'impôt. Les émoluments des parlementaires sont également réglés "au frais des contribuables". Ils sont clairement justifiés, cependant.

Ensuite, le débat est ouvert car la question loin d'être simple. Entre le tout répressif qui peine à endiguer ce fléau, et la dépénalisation, il existe des intermédiaires. Camper sur des positions strictes, je peux le comprendre, mais cela devient intenable dans la durée.

Rémi

29/08/2012

Dans une interview parue dans Le Parisien de ce matin, Jean-Marie Le Guen, député PS, explique que de son point de vue, face à l'augmentation de la consommation d'héroïne, " il faudrait autoriser, comme cela se fait à l'étranger, des salles de consommation de drogue, mais de façon très encadrée ".

Le député socialiste déclare que " ces structures apporteront plus de sécurité dans les quartiers concernés " et qu'à Paris " nous sommes prêts à monter très rapidement une ou plusieurs de ces salles, par exemple dans le Xe, XVIIIe ou XIXe arrondissements ". Selon Jean-Marie Le Guen, Marseille, Toulouse et Saint-Denis seraient intéressées.

Cette interview relance le débat. Dans un communiqué, Camille Bedin, secrétaire nationale de l'UMP, réplique qu' " ouvrir des salles de consommation de drogues, ce n’est pas lutter contre le fléau de la drogue, c’est banaliser l’usage et c’est légaliser la consommation des drogues les plus dures et cela au frais des contribuables ! ". Elle demande que François Hollande et le gouvernement désavouent rapidement les propos de Jean-Marie Le Guen. Florian Philippot, vice-président du FN, appelle aussi le gouvernement à " rapidement écarter " cette " idée délirante " d'ouvrir des salles de shoot.